mardi 3 décembre 2013

Isabel Marant pour H&M : un premier bilan ?




Cette collab aura été autant attendue que commentée, et aura en tout cas déplacé bien des foules. Dont je faisais partie.

Dans la compagne de comm ayant précédé le lancement en boutiques, Isabel Marant avait revendiqué vouloir, au travers de cette collection, remercier ses clientes. De source proche, elle se serait surtout beaucoup amusée à la faire cette collec, avec sa partie homme, inédite chez la marque.


 
Moi je pense également que H&M reste surtout un très puissant canal de démocratisation. Aujourd'hui, on sait que la formule marche du feu de Dieu. Que les collections s'écoulent comme des petits pains, et que la popularité (dans le bon sens du terme) du créateur en ressort grandie sans que son image en soit écorchée au passage (le cloisonnement main line /collab de masse restant bien visible et manifestement bien ancré chez le client)

En ce qui me concerne, je l'avais vue d'un mauvais œil, cette collaboration. Pour une amatrice d'Isabel Marant de la première heure comme moi, voir les collecs de ma créatrice fétiche se démocratiser à outrance a toujours occasionné (c'est égoïste mais c'est comme ça) un sentiment de dépossession. Ce sentiment était là quand les Bekett ont été pompées de tous les côtés, et il était là aussi quand la marque a conquis les petites Américaines (et augmenté ses prix monté en gamme par la même occasion). Mais ce dernier point avait aussi quelques bons côtés (notamment celui d'avoir tout un vivier outre-atlantique prêt à s'arracher mes fonds de placards sur ebay)

Très logiquement, après avoir passé autant d'années, d'argent et d'énergie à me constituer avec rage amour une garde-robe idéale, j'avais en fait tout simplement les boules de voir certaines de mes pièces fétiches reproduites en série chez le hard discounter de la mode, qui plus est avec l'assentiment d'Isabel Marant elle-même. Une sorte de trahison, en sorte, bien loin du cadeau de remerciement revendiqué par l'intéressée. Croiser mon manteau oversized ou mes boots frangées qui m'ont coûté un bras, en faisant mes courses chez Carouf : bof.

Aujourd'hui..mon avis a légèrement changé.

Je suis restée très mesurée, mais j'ai moi aussi acheté mes quelques pièces IMxHM et j'en suis en réalité très contente. J'ai eu de bonnes surprises...mais aussi des constats moins joyeux.

Les -

- celles qui ont sorti un SMIC et demi pour s'offir la Veste Weez en tie & dye (elle existait aussi en noir et vert) peuvent aller pleurer. Qui aura envie de la reporter après avoir vu la fashionosphère mondiale arborer sa petite soeur ?

 

En ayant jeté mon dévolu sur la Wonda de la ligne Etoile, je m'en sors pas trop mal, elle reste assez différente.


- Même chose pour les boots Mony. Je les avais prises en gris lors de la collec AH 11/12, pas de bol c'est ce coloris qui a été retenu pour la déclinaison H&M à talon biseauté. Je ne les regarde plus d'un même œil depuis que je croise leurs jumelles à chaque station de métro.

 


- En bref, la surabondance de signaux Marantesques en cours et à venir risque bien de nous donner très vite - et au moins ponctuellement - envie d'aller voir ailleurs dans le meilleur des cas, de tout mettre au clou dans le pire des cas. De fait, j'ai fui comme la peste tout ce qui était ultra-reconnaissable (par exemple les imprimés).

- Franchement, si la qualité est plus que correcte sur certaines pièces, elle reste bien entendu souvent inférieure à l'original, surtout si vous l'avez à côté. Ci-dessous la ceinture Chilali et sa reproduction low cost. La seconde est jolie, la première était splendide. (je sais, en photo ça saute pas forcément aux yeux)

La ceinture Chilali au-dessus de la version H&M
 
La ceinture Chilali à gauche et la version H&M à droite

Les "?"

- L'interchangeabilité des pièces entre les collecs femme/homme/enfant, c'est un concept qui m'avait bien plu sur le papier, mais je sais pas, dans le tourbillon de la foire d'empoigne et au beau milieu du champ de bataille, j'ai trouvé ça plutôt relou de pas pouvoir facilement distinguer qui était taillé pour qui, et j'ai vraiment appréhendé de me retrouver à flotter dans une fringue pour homme parce que le truc n'était pas bien signalé sur l'étiquette. Vraiment, sur le coup, ça m'a plus agacée qu'autre chose - je crois que j'ai pas saisi le truc. Ou alors il aurait fallu avoir la possibilité d'essayer tranquillement, ce qui n'était pas vraiment gagné-gagné. Pour la collec enfant, c'est différent: j'ai trouvé cool de payer un peu moins cher ma ceinture en la prenant en taille enfant, et le pantalon biker tie & dye à 49€ en taille 164 équivalait un 36... Vous avez réussi à vous y retrouver là-dessus, vous ?

- En fait le problème c'est que la composition de la collec n'était pas bien claire. J'ai jamais trouvé de catalogue en fait, et donc jamais capté, encore aujourd'hui, si telle ou telle pièce - par exemple certains pulls - était pour homme, femme, ou enfant (= il n'y avait qu'une avec laquelle il fallait composer niveau taille) ou si elle avait été produite dans les 3 gabarits...  j'ai rien compris.


- Niveau confort, les boots seraient pires que les originales (non parce qu'il fait le dire, le compensé Isabel Marant n'est pas évident à domestiquer). Mais j'ai aussi entendu le contraire. Alors vous en pensez quoi vous? Les escarpins, en revanche, ils sont bien stables, non?


Les +

- En retravaillant les coupes de manière à les rendre plus abordables (pas seulement financièrement, mais aussi d'un point de vue stylistique), certaines pièces m'ont semble-t-il gagné au change. Exemple du manteau Sohane de la collec AH 11/12.


 

Le grand caban oversized qui ouvrait le défilé et illustrait sur Freja Beha la campagne publicitaire correspondante, était sublime mais hyper dur à porter. A moins de mesurer 1m80 ou d'avoir fait de la natation niveau compète, même la taille 0 était étouffante. Sur moi, on aurait juré que j'avais piqué le manteau d'un gros monsieur (même avec un gros pull en dessous, même en retroussant les manches...). De plus, la matière était passablement raide, et le manteau non doublé.

Garance Doré portant le manteau Sohane, s'en tire mieux que moi

J'aurais rêvé d'une réédition dans la ligne étoile par exemple, plus souple, moins énorme... et pour le coup, c'est chez H&M que ça s'est fait.




Eh bien j'en attendais pas tant: Oversize juste ce qu'il faut, hyper doux et doublé en prime. Si c'était à refaire, je le rachèterais cent fois 2 fois (coucou banquier).

-  Les pantalons m'ont tous semblé hyper bien coupés, et - même remarque que pour le manteau - taillés dans des proportions raisonnables, notamment au niveau de la longueur. Le biker en toile enduite, dérivé du biker en cuir Soan de la collec AH 10/11 est un vrai pantalon court, tout comme le pantalon en cuir lacé dérivé du Zephyr de la collec AH 12/13, qui même sur ma taille moyenne reste un vrai 7/8.



Le biker en cuir stretch Soan - Le pantalon en cuir cropped lacé Zéphyr


Voilà pourquoi au sortir de l'ouragan, mon bilan est globalement positif : deux pantalons, deux manteaux, pas d'imprimé, pas de pièce forte, plutôt des dérivés bien pensés qui devraient être suffisamment neutres pour se fondre dans ma penderie.

Alors voilà, de rien Isabel. Tout le plaisir était pour moi.

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